Un reportage d’Alain Chène de RLHD.TV
Ce vin qui coule dans nos veines
Le réalisateur Stephan Balay nous enivre de ce petit bonheur servi en résistance. Voilà un menu qui sent bon le maquis. De ceux que l’histoire construit avec la volonté d’hommes et de femmes. Défendre la terre nourricière. C’est le vin des copains que tu bois ! Celui de la fraternité. Qui connaît ces vins interdits ? Qui connaît cette mise à l’index par Bruxelles de cépages vieux d’un siècle et demi. Ces noms ne vous diront peut-être rien !
Noms en résistance. Le clinton, l’othello, l’herbemont ou encore le jacquez interdits à la commercialisation en France. Il faut alors s’armer d’une caméra, et rembobiner l’histoire pour affronter, avec intelligence, la légende de l’anathème qui pèse sur eux. Stephan Balay y réussi parfaitement. Entre les vignes, on parle, en musique parfois. On trinque, naturellement, on déguste, on échange… entre Italien, Autrichien, Roumain… L’Europe des cépages interdits.
La vigne en résistance est à l’image du vigneron droit dans ses bottes. Fière et sociale. Le partage est là, dans la défense et la reconnaissance de ces vignerons « amateurs » qui entretiennent cette liberté d’être, malgré l’interdit. Défendre ces vins qui rendaient fous, condamnés sans appel comme les sorcières de Salem, au nom de l’improbable. Procès à charge pour que triomphe la normalisation et les vins « propriétaires ».
Le combat est là. Ce n’est pas le seul. L’autre force du film, c’est l’unité humaine qui en découle. Ces citoyens européens parlent la même langue. Celle ancestrale du vin et de la terre. L’enquête se prolongera de l’autre côté de l’Atlantique. Aux Etats-Unis d’où proviennent ces cépages controversés. Un autre film à venir, dont les prémices sont déjà présents dans Vitis Prohibita. Des vins en résistances. Qui se racontent sous la caméra de Stephan Balay. Une espérance face aux lobbyistes de Bruxelles. Rien n’est perdu. Ces vins sans appellation, charpentés, ont la rudesse de la liberté.