Un nouveau Journal : L’Empaillé Une presse libre pour l’Occitanie

L’Empaillé, régional est dans les kiosques à partir de vendredi 12 mars. Au menu : Les casseroles de La Dépêche, lois sécuritaires, récits de vendanges pirates et topo sur les cépages interdits, ma sage femme est féministe, garder le contact, les maires crapuleux d’Occitanie, les tiraillements d’un paysan sur l’abattage, un récit d’anticipation sur la ville rose, des infos sur le projet de méga-scierie à Lannemezan, etc…

L’édito en avant-première

« Vous avez bouffé le pays »              

Un an qu’on passe pour des zouaves, à la recherche de renfort. On saoule tout le monde à coups d’appels à contributions tous les quinze jours. Faut avouer qu’on hésitait… mais au fond on y croyait. Il y avait certes le risque de tout foutre en l’air, mais encore plus l’envie tenace d’envoyer du lourd à la tronche de cette foutue société marchande.

Nous voilà errants dans de rares apéros, joint de CBD au bec et verre de vin nature à la main, à chercher le premier signe d’engouement, un petit quelque chose pour nous convaincre du bien-fondé de cette idée folle. On voit dans les regards cette perplexité, l’air de dire « un régional… t’as vu la taille de l’équipe ? Pas prête à rivaliser avec La Dépêche, celle-là ».

Et puis, il y a celles et ceux qui nous disent de nous accrocher. La mèche prend doucement. La gazette du « ? » de la Montagne Noire ou un anti-TESO toulousain répondent présents. Une distro tarnaise ou des librairies réclament du stock. Des enragés audois veulent deux pages. Des médias libres nous font signe, des militants toquent à la porte. Des centaines de personnes, des associations et syndicats nous filent du pognon dans une cagnotte en ligne. Au final, des lâche-rien de toute la région nous encouragent. Nous ne sommes plus seul-es et La Dépêche peut commencer à trembloter. Il ne reste plus qu’à négocier avec les sociétés de diffusion en kiosques pour réussir le grand chelem : 29 000 exemplaires disséminés aux quatre coins de la région, BAM ! Des milliers d’adresses livrées par la poste, des milliers d’affiches pour décorer la région, BAM-BAM !

Pas qu’on soit régionalistes, mais on quadrille ce Sud-Ouest de part en part. Ses cafés associatifs, ses lieux collectifs, ses troquets et ses spots sauvages pour dormir à la belle étoile. Les vendanges de Marcillac à Bédarieux, les manifs de Montpellier à Toulouse, les concerts et festivals sous des halles ariégeoises ou dans un squat toulousain. Pour sûr, on connaît mieux le secteur qu’un certain J-M Baylet, qui de son côté, connaît mieux les quartiers bourgeois du coin et les salons parisiens, on le lui accorde. 

Alors certes, L’Empaillé régional est un trimestriel, pas (encore) un quotidien. Mais il est là, dans la presse, à côté de son ennemi préféré. À guetter la moindre embrouille ou le gros projet industriel dégueulasse. À critiquer l’État, ses lois et ses juges à moitié réacs, bourgeois, et racistes. À enquêter sur les puissants, les profiteurs et leurs chiens de garde. À raconter les joies et les imaginaires qui nous traversent et nous mettent le feu.

Nous bouclons ces pages alors que les larbins de l’UMP s’insurgent contre la sentence d’un an ferme pour Sarko, que la FNSEA manifeste contre les menus végétariens pendant qu’elle inonde les champs de produits chimiques, et qu’une bande de ministres radicalisés nous font le coup de l’islamo-gauchisme dans les facs. Et tandis qu’on joue aux passes-murailles en allant chercher une pizza passée l’heure du couvre-feu, le panneau lumineux fraîchement installé nous agresse d’un « PROTEGEZ VOTRE VILLAGE – STOP AUX INCIVILITÉS – OUI AU RESPECT ».

Difficile de garder l’appétit. À quelques heures de l’envoi à l’imprimeur, on s’accroche alors à l’idée d’un revival croissant de la lutte des classes, puisqu’il ne se passe plus deux semaines sans qu’une révolte ne secoue un pays du globe. Le peuple Birman se révolte malgré les tirs à balles réelles, les combattantes Kurdes du Rojava comme les guériller@s zapatistes défendent leurs zones autonomes, les Tunisiens reprennent la rue, la Grèce fulmine alors qu’un prisonnier politique meurt d’une grève de la soif. Les Algériens, eux, étaient des milliers pour reprendre le « Hirak » le 22 février pour les deux ans de ce mouvement. Ils scandaient « Klitou leblad ya seraqine », soit « Voleurs, vous avez bouffé le pays ». À lancer au prochain épisode de l’affrontement en France ?

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