- 19 oct. 2019
- Par Nestor Romero
- Blog : Nestor Romero
J’aime beaucoup ce mot, « aporie » que les philosophes emploient pour désigner une « difficulté logique insoluble », une difficulté à laquelle se heurte la raison, une impossibilité à résoudre un problème et qui se traduit ordinairement dans la langue courante par le terme « impasse ». Une situation donc, tant intellectuelle que contingente , de laquelle on ne parvient pas à sortir. Nos voisins espagnols ont une jolie image pour désigner une aporie. Ils disent « callejón sin salida » (ruelle sans issue).
N’en va-t-il pas ainsi du tourisme de masse ? Ce phénomène sociétal ne nous enferme-t-il pas dans une aporie, dans une impasse de laquelle nous ne pouvons sortir sinon peut-être à reculons ? En effet l’aporie touristique peut, me semble-t-il, s’exprimer ainsi : chaque être humain sur cette planète devrait pouvoir, en toute justice, bénéficier de ces « vacances », de ces voyages, de ces plages et de ces montagnes prises d’assaut par une population privilégiée (essentiellement occidentale).
Mais alors, on le sait bien, la planète étant un espace limité déjà bien saccagé, qu’en serait-il si l’on satisfaisait à l’exigence de justice en faveur des milliards d’êtres qui « ne partent jamais en vacances », qui ne prennent jamais l’avion qui ne « croisent » pas sur les monstrueux « ferrys » déversant leurs déjections dans les mers et les océans, qui ne posent pas leurs serviettes sur des plages bondées, qui ne font pas la queue pour « faire » le mont Blanc et l’Everest ? Nous voici au cœur de l’aporie touristique : impossibilité d’en sortir en satisfaisant à l’impératif de justice.
La suite ICI