GILETS JAUNES SYNDICATS ET PARTIS/ P.Cours-Salies sera à Cahors le 29 Avril à la Bourse et à Toulouse lsalle du Sénéchal les 30 et 1°Mai pour participer aux débats du Bazar au Bazacle avec Geneviève Legay …centrés sur la convergence des luttes!
Vous trouverez ci-dessous le dernier paragraphe d’un très long message de Pierre Cours Salies relatif à l’actuel mouvement social en France. Le message est disponible en totalité à l’adresse ci-dessous.
Yvoc
Vers une action commune des retraites à l’enseignement
Du côté de la jeunesse, les attaques politiques sont d’une ampleur comparable. Pour rendre les jeunes plus dépendants de ces calculs mercantiles sous couvert de modernité, la volonté de Jean Michel Blanquer et d'Emmanuel Macron est de réaliser ce que Nicolas Sarkozy avait annoncé, en finir avec le statut des enseignants de l'éducation nationale et les rapprocher des contrats du privé. Il faut à leurs yeux réduire le plus possible le droit à des études libres, devenu une des caractéristiques de la jeunesse. Dès le baccalauréat en continu, le but est d’insécuriser assez les élèves et les familles pour qu’une partie plus grande des jeunes se tourne vers des projets de pré-embauche chez des patrons, qui peuvent au demeurant prendre en charge, pour certains, les formations complémentaires spécialisées. Dépendance pour la suite, que ces messieurs de la gouvernance appellent souplesse.
Pour les universités, alors que le syndicat national de l’enseignement supérieur, syndicat majoritaire, demande six mille postes pendant dix ans pour rattraper de bonnes conditions de formation et de recherche, le gouvernement a préparé une Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) qui prévoit qu’une partie des maîtres de conférences seront dans un statut d’excellence avec des contrats renouvelables par des appels d’offres, les dispensant de tâches d’encadrement des étudiants, un programme afin de réduire le droit de faire des études sauf courtes et de pré-embauche. Plus de plasticité avec les innovations, disent-ils, et en fait soumission étroite de la recherche aux désirs des directions d’entreprises publiques ou privées.
Evidemment, cela peut sembler loin des questions de la retraite. Mais les jeunes craignent déjà de ne pas avoir droit à une véritable retraite et de devoir se rendre disponibles en permanence. Il faut, en plus, observer cette régression dictée par les fonds de pension et les gouvernements au moment où les évolutions techniques pourraient permettre de travailler infiniment moins longtemps, avec le droit à se former et à reprendre des études au cours de la vie de travail.
Pour schématiser, il est possible de dire que le néolibéralisme, actuellement, pousse les gouvernements à supprimer ou à diminuer les libertés qui formaient un cadre de sécurité de vie. Celles-ci résultaient de la phase pendant laquelle les luttes de classe et les concessions auxquelles elles ont amené la bourgeoisie ont eu des effets positifs.
Somme toute, le droit à des études libres et le droit de vivre à la retraite en bonne santé sont attaqués l’un comme l’autre. Et il ne s’agit donc pas ici seulement d’une souhaitable convergence des luttes. Il s’agit de prendre les moyens pour mettre un projet politique en échec.
Imaginons que l’ensemble des travailleurs et de la jeunesse, ayant compris qu’il faut refuser la loi sur les retraites quand elle viendra au vote de l'assemblée nationale, au printemps, puisse permettre une mobilisation à la hauteur de la crise politique à provoquer. Par exemple, devant les préfectures et les sièges des députés des diverses droites, que des rassemblements massifs, par département, se tiennent dès la veille de ce vote et paralysent le pays alors que le parlement prétend décider.
Cela peut se réaliser si existent des lieux de débats locaux du mouvement, en lien avec les grandes journées d’action et l’animation des caisses de grève. « Retrait de la loi, référendum et on est là pour l’obtenir », quel député peut aller revoir ses électeurs ensuite ? Sachons viser haut. Dissolution, dispersion du parti d’Emmanuel Macron et démissions, la crise politique peut être provoquée par l’action collective.
Organiser les discussions entre salariés, tenir des réunions d’une ou deux heures dans des entreprises, des sit-in ou des initiatives de discussions sur des marchés, dans des cinémas de villes moyennes. Des retraites aux flambeaux aux rendez-vous pour un buffet ensemble, les liens et les réflexions qui se multiplient permettent de prévoir une participation pour les prochaines grandes dates des votes à l’assemblée nationale. Le calendrier institutionnel s’étend jusqu’au mois de mars et au mois de juin 2020. Et un très grand nombre de personnes, sans appartenance organisationnelle en ce moment, peuvent se transformer en militants de la résistance définissant eux-mêmes leurs réponses et leurs buts communs.
Et les partis politiques, dans cette analyse, dans la construction de la mobilisation, s’ils veulent sortir de leur déclin, qu’ils participent à l’animation des assemblées locales comme celles souhaitées par les Gilets Jaunes avec le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC). Cela ne se fera pas sans des transformations internes nécessaires et, pour des alliances qu’ils passeraient, ouvertes à toutes celles et à tous ceux qui sont dans le mouvement, il leur resterait à s’exprimer clairement sur des engagements vraiment élémentaires et clairement résumés.
Du fait de la gestion mitterrandienne de 1981 et de ses suites, les mesures politiques de justice et de réparation pour éradiquer les restes postcoloniaux sont indispensables, des lois imposant que les salaires des femmes soient égaux à ceux des hommes, l’annulation de toutes les mesures réactionnaires et de toutes les injustices légalisées depuis les trois derniers présidents contre les chômeurs, contre le droit au travail, contre le code du travail, contre les services publics et contre les libertés démocratiques, et la mise en œuvre des revendications. Nous ne pouvons pas laisser faire comme si les mauvais coups passés étaient légalisés, d’où la recherche d’alliés qui s’engagent à combattre les politiques néolibérales.
Réorganisation des institutions, dans la crise de confiance actuelle il faut discuter et faire reconnaître une analyse de l’appareil d’état et de la formation des élites dirigeantes. Comme « toute l’organisation de la république tend à priver les masses des moyens propres à leur faire acquérir la connaissance des affaires et la pratique de la liberté, une révolution démocratique est nécessaire », écrivait un ancien dirigeant du Parti Communiste Français (PCF), André Ferrat, en 1945. Toute la préparation des lois, avec les informations discutées, doivent-elles rester loin des discussions les plus larges ? Peut-on faire confiance à l’état alors que, en se contentant des règles parlementaires actuelles, les députés sont plus souvent otages de questions biaisées ?
Pourquoi ne pas imposer, par réalisme afin d’éviter de se faire emprisonner dans les mailles des lobbys, que des conseils techniques consultatifs permanents élus parmi les spécialistes et des comités techniques consultatifs provisoires, avec des tirés au sort liés à des assemblées et à des activités locales, soient nommés pour l’étude d’une question ? Et pour avoir une politique qui donne le temps de la démocratie, avant toute élection, discussion et suppression d’une partie des pouvoirs du président au profit d’une majorité à l’assemblée nationale contrôlant le premier ministre, le gouvernement et les services de l’état.
L’ouverture du débat sur le changement des institutions, le mouvement actuel pourrait-il aller jusque-là? On m’a dit que c’est peut-être optimiste. Mais pourquoi se contenter de ce que les membres de ce gouvernement pourraient négocier ? Pourquoi ne pas voir que le cri « Macron démission » a un sens fort. Il veut dire chassons la classe dominante et instaurons des règles démocratiques.